46o                          JOURNAL DB HENRI III.
quinze jours ou trois semaines après : car le Roy me commanda d'aller à Paris pour un sujet dont il eût donner la commission à faire par un autre. Je le vous dis, ce me semble, en passant, vous ayant rencontré le matin M. Hamard et vous en la cour du dongeon, m'en allant partir. C'étoit pour faire dépêcher des paremens d'autel et autres ornemens d'église aux Capucins, sui­vant le memoire écrit de sa main; peu de jours après je reçûs mon congé par M. Benoise, de me qu'il l'avoit porté à quelques autres.
« Or voice que j'en scai. J'attens maintenant de vous la suite de ce qui s'est passé depuis mon départ, jusqu'à la fin de cette tragédie. »
Monsieur, lui dis - je alors, je vous remercie pour l'honneur qu'il vous a plu de me faire, m'ayant estimé capable d'être participant de ces particularités que vous avez sçûës sur un si grand et si signalé dessein ; et outre plusieurs autres sujets dont je suis obligé à vous servir, je me ressens pour celui-ci de l'être fort étroitement à vous raconter ce que j'en scai, pour en avoir oui parler au Roy même et à quelques-uns des quarante-cinq gentilshommes ordinaires, et à d'autres qui ont été spectateurs de l'exécution, ou emplos innocemment à cette menée.
Le Roy, depuis votre départ, ne se départant point des termes de sa dévotion, laquelle jusqu'à cette heure-là il lui sembloit avoir bien réussi, va continuant, et de jour à autre dispose ses affaires pour les conduire à chef; et d'autant qu'il ne se ressentoit pas moins importuné par le cardinal'de Guise que par le duc son frere, il se déliberé de les avoir tous deux en même-tems ; et à cet effet le cardinal étant logé en la ville à
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